Rossignol philomèle
Luscinia megarhynchos
« De temps en temps, par la fenêtre ouverte sur le jardin, on entend des fragments de la musique de Chopin qui travaille dans sa chambre. Ils se mêlent au chant des rossignols et au parfum des roses. »
Eugène Delacroix, en visite chez George Sand à Nohant (Indre)
Description du chant
De tonalité très variable, ce chant est une phrase improvisée à partir de motifs caractéristiques, sans imitation.
Dans l'ensemble la cadence est plutôt lente, avec quelques trilles (XC 80310, Jacques Prévost).
Parmi les oiseaux chanteurs, ce chant est des plus puissants : par nuit calme, on peut l’entendre à un kilomètre (XC 326685, Timo S.).
On retiendra les éléments distinctifs suivants : chant puissant, varié et mélodieux, avec des coups de gosier très profonds ; on note souvent en début de séquences des « tiu tiu tiu » longs et isolés précédant un trille brutal. Constitué de roulades et de crescendos flûtés, le chant laisse entendre également des motifs moins purs (notes dures, grincements, gloussements)
Les rossignols chantent presque toujours cachés dans un buisson bas.
A propos de ce chant merveilleux, on lira la très belle description de Paul GEROUDET dans le volume II des « Passereaux d’Europe » (p. 158-160, éd. Delachaux et Niestlé, 1974)
Cycles du chant
− Cycle annuel : arrivés dès le début d’avril les rossignols mâles se mettent à chanter, et cela jusqu’à la mi-juin :
− Cycle journalier : le rossignol philomèle chante nuit et jour, avec une période plus calme en milieu de journée.
Les cris du Rossignol philomèle
On a tendance, face à sa grande virtuosité vocale, à ne retenir du rossignol que son chant et c’est vrai qu’il n’a pas d’égal ; il faut cependant se rendre à l’évidence : la période de chant est courte et le silence revient dès que la ponte a lieu, seulement ponctué de ce cri peu mélodieux formé de deux sons, un « huit » ascendant (XC 319656, Thomas Büttel) parfois suivi d’un « krrreu » bas, râpeux et grinçant (XC 322529, Thomas Lüthi) , il exprime l’inquiétude (XC 080308, Jacques Prévost).
Remarques
Les mâles appariés deviennent discrets après la ponte et se taisent dès l’éclosion ; quant aux célibataires ils poursuivent leur quête amoureuse en jouant les solistes.
On a noté qu’en milieu urbain les rossignols chantaient plus fort afin de se faire entendre dans le bruit de fond de la ville.
Le coin de l’expert
La tonalité est très étendue : les notes s’égrènent de 1 à 7 kHz (avec des harmoniques qui montent encore plus haut).
Les phrases sont construites à partir d’un grand nombre de motifs (une quinzaine reviennent régulièrement) qui se distribuent aléatoirement dans une production imprévisible, et d’une durée de 2 à 4’’, les pauses étant d’une durée comparable ; une moyenne de 10 phrases par minute peut être avancée.
Où écouter le Rossignol philomèle en Isère ?
− Altitude : c’est un oiseau qui se cantonne plutôt aux basses altitudes, et si on le rencontre parfois au-delà de 1000m c’est toujours sur un versant ensoleillé (barycentre : 280m) ;
− Milieu : se tient préférentiellement dans les milieux fermés, broussailles, taillis, sousbois ombragés ;
− Localisation : un peu partout en Isère à l’exclusion des massifs montagneux, dès 500m d’altitude.