Rousserolle turdoïde
Acrocephalus arundinaceus
« A l’époque du chant, elle ne peut passer inaperçue : bruyante, remuante, voire querelleuse, elle s’impose partout où elle s’installe …Le profane croirait volontiers que ces sons sortent du gosier d’un batracien : similitude curieuse mais non unique dans le marais ! Tantôt graves, tantôt aigus et perçants, répétés en séries courtes qui s’enchaînent ou que coupent des pauses fréquentes, ils composent non pas une mélodie mais un discours scandé … »
Paul GEROUDET « Les passereaux d’Europe » Delachaux et Niestlé
Description du chant
On aurait tort de vouloir absolument la comparer à sa parente la Rousserolle effarvatte : en effet, la puissance du chant et sa brièveté en font une production sonore bien différente.
Les notes égrenées sont rauques et dures, souvent éclatantes, et elles forment des strophes courtes qui dominent la roselière par leur intensité. L’alternance des notes graves et aiguës, sur un rythme plutôt lent forme ce chant étonnant émis le plus souvent de la hampe d’une grosse canne sèche (XC 319528, Benjamin Drillat et XC 079035, Jacques Prévost).
Cycle du chant
− Cycle annuel : la Rousserolle turdoïde est une grande voyageuse (hivernage en Afrique sub-saharienne) qui revient en Isère à partir de la mi-avril pour les plus précoces :
− Cycle journalier : à toutes heures du jour et parfois pendant la nuit.
Les cris de la Rousserolle turdoïde
Comme chez sa cousine l’Effarvatte, on retrouve dans les cris de la Turdoïde les tonalités de son chant.
Le cri de contact est un « kchek » âpre et métallique ou un « krrrak » roulé.
Dans les situations d’alarme, on note un « kiarrr » râpeux ou un « kerrre » en crécelle (XC 184382, Jarek Matuziak)
Remarques
Pendant la période nuptiale la femelle répond parfois au mâle dans un registre plus doux et plus discret.
Le coin de l’expert
L’étude du sonogramme d’un mâle chanteur (Pologne, rivière Warta, mai 2005) donne les indications suivantes :
1) la durée de la séquence est de 3’20’’, avec 19 strophes dont la moyenne est de 5.8’’ (3.5’’/10.7’’), et les pauses entre strophes durent en moyenne 5’’ ;
2) Les strophes sont composées de motifs formés eux-mêmes de syllabes souvent répétées 2 ou 3 fois, voire 4. Chaque strophe est constituée de l’arrangement de 6 à 8 syllabes différentes puisées dans un registre riche d’une quinzaine ;
3) Les syllabes sont formées de notes redoublées ou de notes seules.
Où écouter la Rousserolle turdoïde en Isère ?
− Altitude : on ne trouve la turdoïde qu’en milieux de plaine ; 98% des observations sont faite sous la cote 500 (record d’altitude : 539m le 12 mai 1985 à Eclose, et barycentre altitudinal à 300m) ;
− Milieu : cette grosse rousserolle s’installe dans les phragmitaies inondées et denses ; elle privilégie les zones âgées avec des cannes de fort diamètre dans lesquelles elle trouve de l’eau libre et des buissons épars ;
− Localisation : pour écouter la rousserolle turdoïde en Isère les meilleurs « spots » sont sans doute l’étang de la Salette (Isle Crémieu), le marais de Monfort (Crolles) ou l’étang du Fay (Pommiers de Beaurepaire).