Phragmite des joncs

Acrocephalus schoenobaenus

« Malgré une odyssée loin d’être terminée … la plus turbulente des fauvettes aquatiques déborde d’ardeur nuptiale. En avril, la roselière crépite des chants précipités des Phragmites des joncs qui s’emballent, impatients de rejoindre leur site de nidification nordiste. Bien que remuants, ils restent difficiles à observer, se tenant le plus souvent à la base des roseaux où ils se ravitaillent pour poursuivre leur long voyage. »

Lionel MAUMARY « Les oiseaux de Suisse » 2007

Description du chant

Le chant est un « bavardage » constitué d’une suite de motifs grinçants entrecoupés de sifflements ; la première écoute laisse l’impression d’un babil râpeux et rauque, mais il apparaît vite que le chant est plus diversifié qu’il n’y paraît : roulades, sifflements, notes perlées, trilles, accents rossignolesques y côtoient quelques imitations.

On y rencontre des motifs qui rappellent la rousserolle effarvatte mais avec des notes sifflées

Ce chant est moyennement puissant mais porte cependant assez loin.

ACRSCH XC 315367 Jens Kirkeby (Dan)

ACRSCH XC 78928 Jacques Prévost (Hortobagy)

ACRSCH XC 101517 Jacques Prévost (Dombes)

Cycle du chant

- Cycle annuel : les phragmites des joncs arrivent en Rhône-Alpes dès le début du mois d’avril (7 avril en moyenne, +/- 6 jours) ;

- Cycle journalier : chanteur matinal.

Les cris du Phragmite des joncs

Les cris de ce petit oiseau sont secs et durs « tsec tsec » surtout si on les compare à ceux de la rousserolle effarvatte ; ils sont souvent répétés en séries « tectectectec … ».

On note également un cri d’alarme, une sorte de roulement assez bas « trrrr », également un « kerrr » râpeux.

ACRSCH cri XC 139813 Volker Arnold (D)

ACRSCH alarme XC 377101 Twan Mols (NL)

Remarques

Les nicheurs émettent souvent leur chant au cours d’un vol nuptial qui n’est pas sans rappeler celui du pipit des arbres ; à contrario, les oiseaux de passage se limitent à un modeste chant émis depuis un buisson

Le coin de l’expert

Les séquences de chant sont souvent longues parfois excédant la minute et comptant plusieurs centaines d’unités sonores, généralement émis dans une plage allant de 2 à 8 kHz.

Une étude effectuée sur 60 chants produits par 3 mâles chanteurs différents propose les constats suivants : on note en moyenne 104 unités sonores par séquence de chant avec un maximum de 303, la durée moyenne d’une séquence est de 19.5’’ avec une séquence record de 71’’. Les pauses entre les séquences durent en moyenne une minute et demie. Les chants émis en vol sont généralement plus riches que ceux produits par le chanteur perché.

Où écouter Phragmite des joncs en Isère ?

- Altitude : c’est strictement un oiseau de plaine qui se tient à 98% sous la cote 500 ; on notera cependant un oiseau observé à 985m en Vercors (30 juillet 1999) lors d’une séance de baguage ;

- Milieu : c’est un habitant de la roselière ; souvent perché en évidence sur roseau dominant, voire branche basse de lisière ;

- Localisation : non nicheur en Isère c’est un oiseau de passage mais on peut le trouver régulièrement en Dombes où il se reproduit ; le chant peut être émis par des oiseaux en migration durant tout le mois d’avril, mais généralement cette production est moins riche que celle entendue sur les sites de reproduction. Le cantonnement des nicheurs ne se stabilise vraiment qu’en mai-juin.

Sonogrammes