Verdier d’Europe
chloris chloris
« Son vol nuptial et l’ardeur de sa voix le sortent alors de sa condition effacée ; le Verdier devient le troubadour sans prétention des boulevards et des avenues, le barde populaire des platanes poussiéreux, sur la place du marché ou devant la gare … »
Paul GEROUDET « Les passereaux I, II et III)
Description du chant
Le chant du Verdier d’Europe est assez inclassable ; il utilise divers motifs types.
La tonalité est globalement aigüe et la puissance assez forte.
Les principaux motifs utilisés :
− Trille fort et long, de diverses tonalités ;
− Suites de notes appuyées, longues : tiuu tiuu tiuu ;
− Séries de petites notes serrées de type « chardonneret » ;
− Note prolongée et chuintante, nasale et traînante qui constitue la signature.
On retiendra donc plus particulièrement les trilles qui sont caractéristiques avec leurs séries de petites notes serrées (moins « mouillées » que chez le chardonneret) ; elles précèdent souvent la note nasillarde et durable « djziu » (XC 324760 et XC 263906, Terje Kolaas) qui est en quelque sorte la signature du verdier chanteur ; viennent s’intercaler régulièrement des séries de 4 à 8 notes plus longues et modulées.
Deux exemples de même durée (1’40’’) :
1) Chartreuse : 42 trilles, 4 « djziu » et 2 séries de notes plus longues. (XC 078941, Jacques Prévost) ;
2) Norvège : 17 « djziu » régulièrement produits dans une soixantaine de trilles plus ou moins longs ; le chant est quasi continu. (XC 402105)
Ambiance
Souvent en groupe, mais aussi isolé ; en principe perché haut. En milieu ouvert, en principe bien en vue (aime les fils électriques ; en milieu forestier, plus difficile à trouver dans le feuillage...) On peut l’entendre chanter jusqu’en moyenne montagne. Record en Isère : 1890m à Besse sur le plateau d’Emparis.
Cycles du chant
− Cycle annuel : chanteur précoce, le verdier n’attend pas le printemps pour lancer ses trilles et dès février, son chant à plusieurs facettes égaie villes et villages. On l’entend jusqu’en juillet puis, plus sporadiquement, au cours des mois d’automne :
− Cycle journalier : chante après le lever du soleil, relativement tard par rapport à beaucoup d’autres espèces.
Les cris du Verdier d’Europe
Le cri le plus souvent noté est un « kjip » ou « chjik » (Géroudet) égrené en séries devenant trille et roulade, avec des variations infinies dans la tonalité et le rythme (XC 202317, Jarek Matusiak), ce cri est souvent émis au cours d’un vol (XC 170113, Herman van der Meer).
Le cri d’alarme est un « dhui » de sonorité douce et modulée (XC 309443, Cédric Mroczko et XC 078943, Jacques Prévost).
Remarques
Chanteur infatigable à la belle saison, le verdier s’exprime souvent au cours d’un vol léger et papillonnant qui pourrait rappeler celui d’une chauve-souris ; il se perche aussi bien en vue pour lancer son chant.
Le coin de l’expert
La base de données « faune-Isère », gérée par la LPO Isère, nous renseigne assez précisément sur les périodes de chants de l’avifaune : on note ainsi que le verdier d’Europe commence à chanter dès le début février, le pic d’activité vocale se situant en mars, avec un fort déclin à partir de juillet.
Comme chez beaucoup d’oiseaux chanteurs, le chant du verdier comporte une part d’inné et une part d’acquis. En effet, des expériences menées avec de jeunes verdiers élevés au contact de canaris chanteurs ont montré qu’ils avaient intégré des « motifs-canari » à leur « base de chant-verdier ». Les règles d’organisation du chant restaient les mêmes, mais de nouveaux éléments apparaissaient, issus du répertoire-canari.
Où écouter le Verdier d’Europe en Isère ?
− Altitude : il évite les grands massifs montagneux de l’est du département, mais on le note comme chanteur cantonné autour de 1700m en Chartreuse (barycentre altitudinal : 520m) ;
− Milieu : souvent près de l’homme, le verdier cherche l’abri d’une végétation protectrice, mais aussi des terrains dégagés où il trouvera sa nourriture ; il fréquente ainsi jardins et parcs, broussailles et lisières ;
− Localisation : un peu partout dans le département.