Rousserolle verderolle

Acrocephalus palustris

« … chante admirablement qu’elle contrefait à s’y méprendre le chardonneret, le pinson, le merle et généralement tous les oiseaux qui fréquentent les mêmes lieux qu’elle. Son chant est plus riche en reprises que celui du Rossignol : il est si varié qu’on l’écouterait du matin au soir »

Le Maout (Histoire des oiseaux, 1837)

… et je me permets d’ajouter « du soir au matin » sachant qu’elle se produit également en nocturne ! De sobre plumage, elle excelle au ramage : c’est la Cantatrice fauve.

Description du chant

Chant extraordinaire, d'une richesse exceptionnelle : essentiellement constitué d'imitations (oiseaux européens et africains) on entend rarement les notes grinçantes propres à l'espèce, et on s'attachera à repérer le foisonnement d'expressions musicales qui signe la présence de la Verderolle.

Cette suite d’imitations parfaites et de motifs propres s’exprime en discours continu dans une tonalité plutôt aiguë et une cadence moyennement rapide. La puissance est assez forte et porte bien.

Il y a peu de risque de la confondre avec d’autres espèces.

On retiendra donc l’enchainement d'imitations variées, avec des trilles fréquents.

La Verderolle chante souvent cachée, et elle reste difficile à voir dans un fouillis de roselières, buissons ou mégaphorbiaie en montagne (XC 089787 à XC 089805, Jacques Prévost)

Cycle du chant

− Cycle annuel : grande migratrice, la Verderolle est la dernière arrivée de nos visiteurs d’été, et on peut l’entendre chanter à partir du 10 mai :

− Cycle journalier : elle peut chanter la nuit comme le jour.


Les cris de la Rousserolle verderolle

Des « tsec tsec tsec » d’alarme sont émis en séries (XC 190140, Albert Lastukhin), mais aussi un « kchrreu » bas et rauque (XC 256941, Piotr Szczypinski) ou carrément en crécelle « kkrrra » (XC 085099, Nils Agster).

Remarques

La Verderolle est un vrai petit magnétophone voyageur : elle nous rapporte au printemps par ses étonnantes imitations les chants exotiques glanés au cours de son hivernage africain … et c’est magnifique ! Des recherches sur le chant de cette espèce ont permis de faire le point sur les imitations dont elle se montre capable : 99 espèces européennes et 113 espèces africaines (dont 80 passereaux) ont ainsi été repérées dans 30 enregistrements effectués au printemps en Belgique. Le répertoire individuel est en moyenne de 76 motifs (de 45 espèces africaines et 31 d’Europe).

Le coin de l’expert

L’analyse de la base de données concernant cette espèce montre que les premiers chants sont entendus en moyenne le 23 mai +/- 9 jours (sur 30 années), ce qui est très tardif et montre bien que la Verderolle clôture l’arrivée des migrateurs.

Cependant une analyse plus fine montre des écarts importants sur cette moyenne selon la décennie qu’on étudie :

− 1985 - 1994 : m = 29 mai ;

− 1995 - 2004 : m = 26 mai ;

− 2005 - 2014 : m = 14 mai.

Plusieurs hypothèses s’offrent à la réflexion :

− Les rousserolles verderolles arriveraient-elles plus précocement ?

− Les verderolles colonisent la plaine et de ce fait sont plus accessibles ?

− Les observateurs connaissent de mieux en mieux une espèce peu commune ?

− Les observateurs sont de plus en plus nombreux ?

Il semblerait que ce soit la pression d’observation qui ressorte de ces quelques hypothèses, ce qui n’est pas exclusif d’autres paramètres ; si l’on reprend les trois décennies récentes, on passe de 157 à 348 puis 983 données concernant cette espèce, ce qui signifie qu’on a multiplié par 6 la pression d’observation.

Où écouter la Rousserolle verderolle en Isère ?

− Altitude : on peut s’aventurer à dire qu’il existe deux populations de verderolles, celles qui se reproduisent en montagne (barycentre : 1000m) et celles qui se tiennent dans la plaine barycentre : 350 m) pendant la belle saison ; un record le 14 juillet 2009 au-dessus d’Entraygues à 2122m ;

− Milieu : elle occupe deux milieux bien différents : en montagne jusqu'à plus de 2000 m dans les mégaphorbiaies, prairies grasses, aulnaies vertes et ripisylves. En plaine, elle est plutôt proche de l'eau dans des milieux buissonnants et denses bordés d'un fouillis de hautes herbes ;

− Localisation : deux possibilités s’offrent donc à nous, soit écouter les « montagnardes », soit écouter celles de la plaine :

o Montagne : en Vercors sous le col Vert par exemple, ou en Chartreuse au marais des Sagnes (Le Sappey) ;

o Plaine : dans la vallée de l’Isère, à l’ENS des Goureux sur la commune de Vourey.

Sonogrammes

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