Pouillot fitis

Phylloscopus trochilus

« Selon Belon, le nom de chantre lui a été donné à cause de la diversité et de la fréquence de son ramage qui dure tout le printemps et tout l’été … C’est d’abord un petit gloussement entrecoupé, puis une suite de sons argentins détachés semblables au tintement réitéré d’écus qui tombent successivement les uns sur les autres … Après ce prélude, le pouillot fait entendre un ramage fort doux, fort agréable et bien soutenu. »

Hippolyte BOUTEILLE (Ornithologie du Dauphiné, 1843)

Description du chant

Le chant, avec sa phrase descendante, est un critère de présence et de distinction avec les autres pouillots.

C’est une phrase mélodieuse, complexe et stable dont la tonalité est aiguë plutôt descendante (elle passe de 6kHz à 3-4 kHz). Il s’agit d’une série de notes détachées s'accélérant jusqu'au final ralenti et traînant, à la puissance plutôt faible (XC 079030 et XC 079031, Jacques Prévost)

La structure du chant le rapproche du Pinson des arbres (ou du Grimpereau des bois), et c’est pourquoi on pourrait le qualifier, pour son chant, de « pinson mou ».

On retiendra le rythme général un peu accéléré puis ralenti, le final ralenti et traînant, et le manque de puissance.

Comme les autres pouillots, il chante caché dans le feuillage.

Cycle du chant

− Cycle annuel : le passage commence dès le mois de mars et on entend bien chanter les fitis en avril et mai. Les premières observations sont faites en moyenne le 23 mars +/- 9 jours (extrême précocité sur 30 ans : 8 mars 2001) :

− Cycle journalier : le Pouillot fitis n’est pas un « lève-tôt », et il ne chante pas avant le lever du soleil.

Les cris du Pouillot fitis

Le cri de contact ressemble beaucoup à celui de son cousin le Pouillot véloce mais en moins fort (ou même à celui du Rougequeue à front blanc mais sans le « tec ») ; c’est un « hu-yt » composé de 2 syllabes, avec l’accent mis sur le hu dans une tonalité douce et flûtée (XC 331754, Sonnenburg).

Ce cri est le signe de la présence du Fitis dans les feuillages d’été.

Remarques

Faire attention aux migrateurs qui peuvent chanter sur des sites favorables, sans toutefois nicher.

Chaque pouillot fitis puise dans un stock de notes et les agence pour former des strophes presque toujours différentes (voir sonogrammes ci-dessous)

Le coin de l’expert

Chez un même chanteur, écouté au cours de plusieurs séquences de quelques minutes chacune j’ai pu noter une moyenne de 6 à 7 strophes par minute de chant ; les strophes durent en moyenne entre 2.2’’ et 3’’, et l’analyse des sonogrammes montre que chaque strophe est constituée de 16 à 19 notes (extrêmes : 12 et 21).

En étudiant les enregistrements de plusieurs oiseaux de régions différentes en Europe (Angleterre, Ecosse, Lituanie, Camargue, Dauphiné) on obtient à peu de choses près les mêmes résultats : entre 15 et 19 notes par strophe durant entre 2.5’’ et 3.5’’.

En revanche, on peut noter que les oiseaux en phase migratoire de début de saison chantent moins que ceux installés sur les territoires de reproduction.

Où écouter le Pouillot fitis en Isère ?

− Altitude : la majorité des observations sont faites en plaine (87% au-dessous de 500m et 95% sous 1000m, avec un barycentre altitudinal situé à 340m). Un oiseau chante au col de Brame-Farine le 8 avril 2006 à 1448m ce qui constitue un record, mais on peut aussi noter une observation en migration post-nuptiale un 15 août 2012 au-dessus d’Ornon à 2053m, cette fois-ci l’oiseau ne chante pas ;

− Milieu : Habitat varié : depuis des arbres hauts (boulots, saules, etc.) jusqu’aux buissons, lisière de forêts riveraines, bois frais, parcelles reboisées, bords de zones humides ou gravières recouvertes de végétation. Endroits humides, marais boisés ;

− Localisation : au mois d’avril, dans une peupleraie de la vallée de l’Isère.

Sonogrammes