Grand duc d'Europe
Bubo bubo
« Juché en ermite dans la falaise surplombant la plaine, le placide Grand-duc semble méditer sur la vaine agitation des hommes … Avant que la nuit ait complètement vaincu le jour, selon un rite immuable, le mâle lancera son appel caverneux … »
Lionel Maumary (Les oiseaux de Suisse)
Description du chant
Le mâle pousse des « HOU-oo » (XC 200559, Frank Holzapfel et XC 078489, Jacques Prévost)) graves et sonores et qui portent à plus d’un kilomètre (jusqu’à 3km, voire plus dans de bonnes conditions).
La seconde syllabe n’est pas audible à grande distance.
La femelle répond au mâle dans un registre atténué, plus aigu et plus rauque, et on peut alors assister à des duos (XC 232798, Harry Lehto)
Le chant est lancé d’un promontoire près de l’aire de nidification ; le mâle chante plutôt au crépuscule et à l’aube mais aussi au cours de la nuit.
Cycle du chant
Cycle annuel : de décembre à mars (maximum en janvier-février) le chant est produit par séries de plusieurs minutes à quelques heures
Cycle journalier : c’est préférentiellement au crépuscule que le grand-duc mâle émet son chant grave et puissant ; mais on peut l’entendre tout au long de la nuit avec cependant une fréquence moindre, et aussi à l’aube.
Les cris du Grand-duc d’Europe
Des séries de cris en vol ont été notés, avec des tonalités variables.
Dans le contexte copulatoire on peut entendre des séries de « hohohohoho … » rapidement répétés en decrescendo mais de peu de portée ; la femelle fait de même mais avec une tonalité plus élevée. Pendant l’accouplement une série grinçante de « wi wi wi … » est émise par le mâle (
Quand il alarme le grand-duc pousse une série de « qhin qhin qhinqhin,qhin ! » (XC 299820, Carlos W.) ; il lance également un cri qui rappelle celui du Héron cendré « grack »
Le poussin s’exprime dès la veille de l’éclosion, puis il se manifeste bruyamment tout au long de la période de dépendance, avec des cris enroués proches du chuintement (XC 026853, Patrik Aberg)
Le grand-duc, à l’instar d’autres oiseaux (cigogne par ex.), peut émettre des sons d’origine non-vocale : dérangé et inquiet il claque du bec d’une façon retentissante (XC 326326, Joost van Bruggen)
Remarques
Les manifestations vocales du Grand-duc peuvent être entendues tout au long de l’année mais c’est à partir de l’automne qu’elles deviennent régulières et elles vont crescendo jusqu’à la ponte qui marque alors une baisse très sensible de l’activité de chant.
Le coin de l’expert
Le chant du mâle est lancé sur une fréquence voisine de 350 Hz descendant en final à 260 Hz.
Le chant est lancé à intervalle moyen de 8-10 secondes ce qui peut être considéré comme un critère d’identification par rapport au Hibou moyen-duc qui, pour sa part, chante toutes les 3 secondes en moyenne ; ceci dit les chants du Grand-duc d’Europe peuvent être beaucoup plus espacés selon l’état d’excitation de l’oiseau. A contrario la fréquence de chant peut atteindre un maximum quand l’excitation est à son comble approchant ainsi celle du moyen-duc. Dans cette phase l’oiseau peut chanter 60 à 80 fois sans pause (voire plus = 200).
Des chercheurs ont travaillé sur la mise en évidence de signature individuelle chez le hibou grand-duc. Ces signatures sont stables sur plusieurs années et peuvent donc être utilisées par l’observateur comme baguage acoustique, chaque individu étant identifié grâce aux
caractéristiques de sa voix. Cette capacité à ajuster son chant face à la menace de l’oiseau étranger peut être considérée comme une adaptation à la territorialité.
Où écouter le Grand-duc d’Europe en Isère ?
Altitude : ne s’installe pas au-delà de 1500m ;
Milieu : en plaine comme en montagne, il utilise les accidents de terrain pour s’installer, petites et grandes falaises ;
Localisation : notamment bien implanté dans les falaises qui bordent les massifs, Vercors et Chartreuse entre autres.