Chouette hulotte
Strix aluco
« Parfois un craquement dans un verger, c'était une branche de prunier, surchargée, qui cassait, c'étaient cent jeunes fruits voués à la mort. Parfois un cri dans un sillon, c’était la musaraigne saisie par la chouette. Une étoile filait. »
Jean Giraudoux (Suzanne et le Pacifique)
Description du chant
Les productions vocales de la Hulotte sont multiples : selon la saison, selon le sexe et selon l’humeur.
Le chant du mâle est le plus connu, illustrant souvent les images nocturnes des films à suspense. Il est constitué de deux parties : un son grave (parfois deux), quelques secondes de silence, puis un son bref suivi immédiatement d’une note longue et tremblée (XC 077551 et XC 332728, Jacques Prévost). En pleine saison des amours la femelle peut répondre à l’identique, mais dans une intensité moindre. Elle s’exprime habituellement par des cris sonores qu’on pourrait noter ainsi « kouiiit … kouiiiit » (XC 337092, Johannes Buhl).
Cycle du chant
Cycle annuel : On peut l’entendre en toutes saisons, avec cependant un temps de silence en été. Entre octobre et mars, les couples se forment et c’est le temps où les chants sont omniprésents
Cycle journalier : la Hulotte est un oiseau nocturne : elle chante dès la tombée de la nuit, prenant la relève des derniers cris effarouchés des merles et des grives.
Les cris de la Chouette hulotte
D’une manière générale, on peut dire que la Hulotte a un registre varié et certaines de ses productions vocales peuvent dérouter, comme le chevrotement par exemple (XC 074089, Jan Bolding Kristensen)
La femelle pousse des « kiwit ! … kiwit ! » (XC 077553, Jacques Prévost), souvent en réponse au chant du mâle. Mais cette vocalise n’est pas l’apanage de la femelle et on peut l’entendre en toutes saisons émis par les oiseaux des deux sexes.
Des « awit awit awit » répétés rapidement forment un cri d’alarme (XC 315645 Timo Tschentscher) ; les cris de la femelle prennent parfois la forme de sons stridents et déchirants, que la nuit rend plus sinistres encore.
Les jeunes, dans la cavité du nid, poussent des cris aigus de jour comme de nuit (XC 077552, Jacques Prévost)
Le registre de la Chouette hulotte nous surprend toujours et parfois questionne vraiment … Tengmalm ? Grand-duc ?
Remarques
Le vent inhibe les productions vocales, mais la pluie ou le froid semblent ne pas avoir d’influence sur l’intensité du chant.
Le temps de la reproduction s’étale sur une longue période : les pontes sont effectuées généralement en février-mars, mais selon les conditions de l’environnement (météo, proies disponibles …) plus tôt ou plus tard (décembre-avril) ; les productions vocales liées à cette activité font de même, et ce faisant, on peut entendre la hulotte crier ou chanter en toutes saisons.
Le coin de l’expert
La Chouette hulotte est le rapace nocturne le plus représenté à l’échelle nationale mais aussi au niveau local. Essentiellement forestière et nocturne, c’est vraiment le chant qui permet de la contacter et, selon l’époque de l’année, de se faire une idée sur son comportement :
De septembre à novembre le chant signifie l’occupation du territoire
En décembre-janvier-février, il s’agit du chant nuptial
Ensuite les chants se font plus rares et ce sont les jeunes qui prennent le relais.
Cette présentation schématique de la phénologie du chant ne prend pas en compte les manifestations vocales exceptionnelles comme le rare chant diurne, ou ceux émis hors des créneaux classiques.
Où écouter la Chouette hulotte en Isère ?
Altitude : entendue dans le massif du Vercors un peu au-dessus de 1600m à la mi-janvier, mais plus de 90% des observations sont faites au-dessous de 1500m (barycentre : 600m) ;
Milieu : la Hulotte, rapace nocturne strictement sédentaire, se cantonne au milieu forestier ; elle accepte cependant les unités forestières de très petite taille, y compris les parcs urbains. Elle préfère les boisements de feuillus ou mixtes ;
Localisation : en milieu boisé, partout en Isère.