Bruant proyer

Emberiza (Milaria) calandra

… là, perché sur les branches les plus élevées, se tenant dans une complète immobilité pendant la plus grande partie du jour, il fait entendre, avec de courtes interruptions, un cri monotone, fort peu mélodieux qui pourrait s’exprimer par les monosyllabes répétés tri tri tri, auxquels succède invariablement la finale tiririzitz. »

Hippolyte BOUTEILLE (Ornithologie du Dauphiné, 1843)

Description du chant

Le chant débute par des notes brèves détachées, puis accélérées, et se termine par un long trille ressemblant à un trousseau de clés qu’on agite (XC 156674, Jack Berteau) ou une bille qui rebondit;

Ce chant est répété à intervalles réguliers (XC 316576, Olivier Swift).

Il s’agit d’une phrase simple, de tonalité plutôt égale et de puissance moyenne.

On notera les éléments distinctifs suivants :

− Les quelques notes bien séparées de l’introduction ;

− Puis un enchaînement de trilles ;

− Et pour finir quelques notes très serrées qui clôturent brutalement la strophe ;

− Le tout est lié et dure de 1.5 à 2.5’’.

Truc : certains comparent souvent ce chant à une bille qui rebondit au sol de plus en plus vite pour finalement s’arrêter, d’autres à un trousseau de clés qu’on agite

Ambiance : chante en général perché, bien en vue, sur un fil téléphonique par exemple, et dans un milieu ouvert. Il chante également en vol et présente alors ses pattes pendantes.

Cycle du chant

− Cycle annuel : il s’agit d’un migrateur partiel dont l’hivernage est connu en Rhône-Alpes et des chants ont été entendus chaque mois de l’année. Mais en Isère, le début de la période de chant est centré en moyenne autour du 4 avril (+/- 11 jours). Le chanteur le plus précoce a été entendu un 15 mars, en 1990 à Chapareillan :

− Cycle journalier : tout au long de la journée, surtout aux heures chaudes, le mâle chante bien en vue sur son perchoir.

Les cris du Bruant proyer

Le cri de contact est un « strit » métallique et bref (XC 112555, Maudoc).

Inquiet, le proyer lance un « dzuiit » (XC 102165, Jarek Matusiak).

En vol, migratoire par exemple, les oiseaux lancent de brefs « pth pth pth … » souvent en séries rapides (XC 147417, Julien Rochefort).

Remarques

Chaque mâle chanteur dispose de deux ou trois formes de chants plus ou moins longs et construits.

Souvent polygame, il ne cesse de chanter pour marquer sa présence, et régner de façon tyrannique sur plusieurs femelles.

Le coin de l’expert

Si on analyse plus précisément le chant du Bruant proyer on peut noter les points suivants :

− Les trois parties du chant s’étalent sur 2’’ en moyenne (1.8’’ à 2.5’’) :

o Les premières notes (de 5 à 10) constituent 40% de la durée du chant ;

o La partie centrale de la strophe, faite de trilles, dure de 30 à 40% de l’ensemble ;

o On trouve dans cette partie des enchaînements de sons particulièrement rapides et qui peuvent atteindre des fréquences de 500 sons par seconde, bien sûr inaudibles à l’oreille humaine ;

o La partie finale, pas toujours audible est plus courte (max : 20%).

− Le chant est émis régulièrement sur de longues séquences et peut s’entendre tout au long de la journée, au rythme de 6 à 8 strophes par minute. Sur un enregistrement de 5’ par exemple, la strophe est répétée très régulièrement toutes les 9’’.

Où écouter le Bruant proyer en Isère ?

− Altitude : à priori peu montagnard (97% des chanteurs sont notés au-dessous de la cote 1000), il est cependant présent sur certains districts d’altitude où il est

malheureusement en nette régression. Un record d’altitude pour un chanteur : 1286m sur la commune de St Honoré, le 10 juin 2006 (barycentre altitudinal: 390m) ;

− Milieu : Oiseau du bocage et des grandes plaines agricoles ouvertes, pourvu qu’il reste quelques perchoirs ;

− Localisation : parcourir les chemins de la plaine de Bièvre est le meilleur moyen de faire sa connaissance.

Sonogrammes