Merle à plastron

Turdus torquatus

« A peine l’aube commence-t-elle à poindre, que déjà le mâle du merle à plastron répète sa litanie triste et monotone dans la forêt encore obscure où seul son sémaphore blanc neige permet de le repérer à la cime d’un sapin ; mystérieuse migration que celle de ce passereau tombé du ciel, apparaissant et disparaissant des montagnes comme par magie et ne se montrant que très rarement en plaine. »

Lionel MAUMARY « Les oiseaux de Suisse »

Description du chant

Le merle à plastron n’a certes pas le chant mélodieux de son cousin le Merle noir ; sa production est plus rustique et on y chercherait en vain des roulades. Il produit des strophes courtes de 2 à 4 notes peu élaborés, souvent râpeuses mais aussi parfois plus flûtées, le tout accompagné de gazouillis et de sons rauques, émis en sourdine. Ce chant fait penser à un mélange de chants de grives et de merles mais sans en avoir la richesse et l’éclat : on semble écouter une grive musicienne très peu douée ! (XC 178560, Jérôme Fisher)

Cycle du chant

− Cycle annuel : migrateur à moyen cours (hivernage en Espagne et au Magreb) ce merle nous revient à la mi-mars ; on note quelques oiseaux au cours des mois d’hiver, sans doute des migrateurs retardataires … ou précoces :

− Cycle journalier : actif dès les prémisses de l’aube.

Les cris du Merle à plastron

Les cris du Merle à plastron ressemblent à ceux du Merle noir mais avec des sonorités plus dures ; les cris d’alarme sont des « tuk-tuk-tuk » claquants (XC 270103, Peter Boesman) et qui vont s’accélérant en « tec tec tec tec » dans l’excitation (XC 176084, Lars Buckx). L’alarme prend parfois l’allure d’une Grive litorne (XC 310613, Eddy Scheinpflug)

Inquiet, il lance des « tac tac » étouffés et bas.

Un « siii » aigu annonce une urgence, comme chez le Merle noir.

En vol, en migration le vol est signalé par des « dchriir » (XC 149093, Julien Rochefort)

Remarques

Il existe une race nordique de l’espèce exceptionnellement notée au passage en Isère.

Le coin de l’expert

Chaque mâle possède un petit répertoire ; il répète 4 ou 5 fois la même phrase, puis une autre, jusqu’à ce que le répertoire soit épuisé, alors il revient à la première phrase.

Dans une séquence de chant ininterrompue enregistrée en Bavière, et durant 3 minutes, le merle émet 43 motifs composés de 1 à 4 notes : 27 fois avec 2 notes, 12 fois avec 3 notes, 2 fois avec 4 notes, une fois avec une seule note et un gazouillis émis une seule fois.

Dans cette séquence j’ai identifié 11 syllabes différentes ; ces syllabes reviennent plus ou moins régulièrement dans le chant du merle, certaines très souvent d’autres une seule fois (28/26/18/5/5/5/3/1/1/1/1 fois)

Où écouter le Merle à plastron en Isère ?

− Altitude : on trouve le merle plastron essentiellement en milieu montagnard (barycentre altitudinal : 1690m) ; les observations faites en plaine concernent des oiseaux en cours de migration ;

− Milieu : à la lisère supérieure de la forêt de montagne les merles à plastron s’installent parmi les rochers, les buissons et les arbres ;

− Localisation : dans tous les massifs montagneux du département dès qu’on approche de la lisière forêt-pelouse (Chartreuse-Vercors-Belledonne-Oisans).

Sonogrammes