Gélinotte des bois

Tetrastes bonasia

« Léger, un peu pointu sans être agressif, le timbre peut être comparé à celui du piccolo, jeu d’orgue d’un pied. L’intensité est très égale et ténue. La hauteur est extrême et je suis persuadé que, pour maintes personnes, le son n’est pas perceptible. Musicalement, il correspond à la dernière note du piano (= le huitième ut). Cette note, émise par le coq et par la poule, paraît invariable et c’est sur elle que s’appuie la phrase mélodique. »

Marcel COUTURIER « Le gibier des montagnes françaises » Arthaud, 1964

Description du chant

Le chant de la Gélinotte est surprenant compte-tenu de la taille de l’oiseau : voilà une petite poule qui émet un chant suraigu et, comme le suggère le chasseur Couturier, la petite mélodie n’est audible qu’à de bonnes oreilles !

S’étendant sur 2 à 2.5’’ le chant est formé de quelques notes agencées comme suit : une longue, une moyenne puis de très courtes notes émises rapidement. Une transposition musicale pourrait indiquer : une blanche puis une noire et enfin 3 ou 4 doubles-croches, le tout dans les aigus … sachant que selon les individus l’ordre des notes peut être modifié, mais le plus souvent la première note est longue (XC 123282, Jarek Matuziak)

Le chant, audible à une centaine de mètres pour une « bonne oreille » est émis par le mâle, perché ou au sol, chaque note étant émise le bec ouvert, l’oiseau déployant sa huppe, rentrant le cou et vibrant de tout son corps.

La femelle chante également mais dans un registre moins aigu et plus brièvement.

Cycle du chant

- Cycle annuel : oiseau sédentaire qui s’exprime par le chant au cours dès février mais surtout de mars à mai, avant les pariades, puis à l’automne.

- Cycle journalier : la gélinotte se manifeste dès avant l’aube et se montre de plus en plus discrète au cours de la matinée. Au cours de l’automne, les oiseaux se manifestent un peu plus en journée avec pour objectif essentiel d’asseoir leur territoire.

Les cris de la Gélinotte des bois

Les cris qui marquent différentes « émotions » chez la Gélinotte des bois sont divers et variés mais restent cependant dans les tonalités plutôt aiguës :

- Des trilles rapides marquent l’irritation « strr strr strr » ;

- Des « pitt pitt pitt » marquent l’anxiété (XC 64724, Patrik Aberg) ;

- L’alarme génère un « rrèh » ;

- D’autres cris encore : à l’envol un « tsitsitsirrr » ;

- Chez la poule une roulade liquide « pri-tettettettett » (XC 254402, Jérôme Fisher).

Les transcriptions ci-dessus sont empruntées à Paul Géroudet (Gallinacés d’Europe).

Remarques

L’espèce est cataloguée en France comme inféodée à la forêt de moyenne montagne, mais il faut savoir que dans le nord et l’est de l’Europe la gélinotte se rencontre dans les milieux forestiers de plaine (Scandinavie, Russie, Pologne-est). Il fut un temps (années 70) où la gélinotte vivait en forêt de Chaux (entre Dole et Besançon), grand massif forestier qui culmine à 250m d’altitude.

Le coin de l’expert

Le chant, formé de quelques notes (5 à 9), est perché dans les aigus (7.5 kHz avec une harmonique à 15kHz) et dure environ 2.5’’.

Contrairement à ce qu’affirme Couturier, la note initiale correspond donc plutôt à un La/Sib qu’à un Do … on lui concèdera qu’il ne disposait pas des outils actuels d’analyse du son. Mais il a raison dans la suite de sa description : descente à la tierce pour la note suivante puis retour à la hauteur initiale pour les notes finales.

Ce chant suraigu, typique de l’espèce, est accompagné de sons plus durs, mais qu’on ne peut entendre qu’à la condition d’être très proche de l’oiseau.

On note des variations sensibles entre individus, mais chaque oiseau a son propre chant et n’en varie pas ; ce constat permet, dans une population donnée, de différencier les individus mâles.

Où écouter la gélinotte en Isère ?

− Altitude : 93% des observations sont effectuées entre 1000 et 1800m (barycentre altitudinal : 1380m) ;

− Milieu : il s’agit d’un oiseau essentiellement forestier qui fréquente préférentiellement des boisements mixtes à sous-étage riche, tant en nourriture potentielle qu’en ressources pour s’abriter ;

− Localisation : en Isère on peut contacter la gélinotte dans les boisements favorables de Chartreuse, du Vercors de Belledonne et du Taillefer ; on peut la rencontrer également à l’ouest de l’Oisans mais de manière plus sporadique. C’est sans doute au centre du massif de la Chartreuse que les chances de croiser « la poule des coudriers » sont les meilleures, mais il faudra se montrer patient car l’oiseau n’est ni fréquent ni démonstratif, quant au chant, comme il est dit plus haut, sa haute fréquence et le milieu naturel dans lequel il est émis ne facilite guère sa propagation, donc sa réception.

Sonogrammes