Hypolaïs polyglotte
Hippolais polyglotta
« L’allemand nomme les hypolaïs, Spötter, dérivé d’un vieux mot haut-germain qui veut dire cracher. De l’idée de cracher, on est passé à celle, atténuée, de se moquer. Or, certaines hypolaïs, comme la polyglotte, ont un chant qui reprend des thèmes d’autres espèces, comme si elle se livrait à des imitations pour se moquer des autres oiseaux. »
Pierre CABARD (L’étymologie des noms d’oiseaux, ed°. 2003)
Description du chant
Les polyglottes sont des chanteurs infatigables : comme son nom le suggère cette espèce intègre des imitations dans son chant. Habituellement la phrase commence par une sorte de répétition hésitante (3 à 4 notes simples) suivie, après un bref silence, par un babil rapide constitué de sons doux et d’autres plus rauques et grinçants. Il est important de bien identifier les deux phases du chant. (XC 048052, Jacques Prévost)
La confusion est possible avec la Rousserolle verderolle mais cette dernière est plus imitatrice
On retiendra que la séquence est longue et comporte généralement deux phases :
− Un départ « laborieux » constitué de notes répétées ;
− Puis un gazouillis plutôt mélodieux formé de notes flûtées et modulées et d’autres plus râpeuses (XC 270360, Peter Boesman).
L’Hypolaïs polyglotte chante le plus souvent perché mais parfois au cours d’un vol nuptial court avec descente en plané.
Cycles du chant
− Cycle annuel : l’Hypolaïs polyglotte est un grand migrateur qui revient d’Afrique fin avril – début mai ; les premiers chants sont notés en Isère début mai (m = 2 mai +/- 6 jours) ;
− Cycle journalier : elle attend le soleil pour chanter.
Les cris de l’Hypolaïs polyglotte
Les cris de contact ressemblent à des cliquetis durs et secs « tic »
Dans diverses circonstances on note des séries de « té té té té té té té » et des « tr’r’r’r’r’r’r » de moineau en colère (XC 330097, Jordi Calvet)
En migration, un « houit » interrogatif a été noté.
Remarques
Longtemps les hypolaïs polyglottes et ictérines ont été nommés « contrefaisants » pour autant qu’on les considérait comme de bons imitateurs : c’est assez vrai pour l’ictérine, un peu moins pour le polyglotte.
Le coin de l’expert
Le polyglotte est un chanteur infatigable et les séquences s’enchaînent avec de courtes pauses.
Les notes d’introductions forment un motif répété plusieurs fois (2 à 7) et qui souvent reprennent des éléments venant d’autres espèces, on peut alors parler d’imitations : moineau, grive, merle, hirondelle …
La seconde partie du chant est une succession de notes qui s’égrènent à un rythme très rapide (pl 700à 1000 notes par minute) ; il s’y glisse des imitations furtives difficiles à déceler pour une oreille peu habituée à l’espèce.
Sur une courte séquence de 7’’ l’oiseau attaque avec 6 notes identiques (durée = 2’’) puis il enchaîne aussitôt avec un déluge de notes formant babil (85 notes en 5’’), voir le sonogramme ci-dessous où les notes d’introduction sont cerclées.
Où écouter l’Hypolaïs polyglotte en Isère ?
− Altitude : essentiellement en plaine (étage collinéen, 1000 m maximum), mais contactée à 1350 m à Prapoutel, le 16 juillet 2010 barycentre altitudinal : 330m) ;
− Milieu : elle s’installe dans les haies, les broussailles, les friches, au flanc des coteaux avec quelques arbres et intervalles herbeux. Elle recherche plutôt les milieux chauds et secs ;
− Localisation : on peut aller la chercher dans les haies de la plaine de Bièvre.