Rousserolle effarvatte
Acrocephalus scirpaceus
« Le chant de l’Effarvatte n’a pas de caractère bien saillant …c’est un gentil babil scandé, laborieux, un peu bredouillé et de portée médiocre : tchrutchrutchru, tchra tchratchra, tiritiri, tcher tcher, tchiri tchiri, tratra, trectrec … etc ; la tonalité varie, souvent assez basse, et les phrases sont parsemées de sons plus musicaux et liquides. »
Paul GEROUDET (Les passereaux d’Europe I, II et III)
Description du chant
C’est une suite de motifs constitués de notes plus ou moins grinçantes en discours continu avec parfois quelques imitations et improvisations, l’ensemble formant une ritournelle qu’on pourrait simplifier par « cri cri cracracra cri cracra … » et qui peut durer (XC 319533, Benjamin Drillat).
La tonalité est moyenne à basse, la cadence plutôt lente et le rythme régulier. Quant à la puissance, elle est suffisamment forte pour qu’on l’entende d’assez loin, dans le grouillement sonore du marais par exemple.
On se gardera de la confondre avec la Rousserolle turdoïde (voir cette espèce) dont le chant est nettement plus fort, un peu plus lent et beaucoup plus grinçant.
L’Effarvatte chante souvent à découvert sur un roseau dominant.
Cycle du chant
− Cycle annuel : on peut entendre les effarvattes d’avril jusqu’au début de l’été, mais bien souvent les oiseaux entendus en début de saison ne sont que des migrateurs de passage :
− Cycle journalier : l’effarvatte chante parfois au cours de la nuit et elle est d’attaque très tôt le matin.
Les cris de la Rousserolle effarvatte
On retrouve dans les cris les tonalités du chant, notamment les aspects grinçants et rauques.
Le cri de contact est un « tche » bref et discret ou un « tchk » plus dur (XC 176090, Lars Buckx). Dans les situations où elle marque de l’inquiétude on peut entendre des cris rauques et traînants « kerrr » (XC 150549, Jarek Matuziak et XC 143035, Volker Arnold).
Remarques
La femelle chante parfois, mais avec une production moindre en richesse et en intensité.
Les pontes commencent habituellement au début du mois de juin et les mâles, très bavards en début de saison, deviennent alors plus discrets.
Le coin de l’expert
Dans l’enregistrement d’une séquence de 43’’, j’ai dénombré 233 notes, soit une moyenne de 5.4’’ notes par sec., mais sur des sous-séquences de 10’’, le rythme monte jusqu’à 7 notes/sec.
Dans cette séquence, un tiers du temps est consacré à la production des notes et les deux tiers restants sont utilisés en pauses et prises de respiration.
La tonalité va de 2.5 Khz pour les plus graves à 8 Khz pour les plus aigües.
Au cours de cette séquence, l’oiseau a utilisé 52 notes différentes pour composer son chant. Il semble que les notes reviennent de façon aléatoire au cours des séquences.
Des études anglaises donnent les indications suivantes :
− Les séquences durent en moyenne entre 5 et 20’’, mais peuvent largement dépasser ces durées … jusqu’à plus de 3 minutes. La nuit, les séquences sont plus courtes et ne dépassent pas 15’’ ;
− Les mâles utilisent entre 70 et 90 notes-types qui sont ensuite combinées pour produire le chant ;
− Une séquence de 44’’ contenait 249 notes, soit 5.7 notes par seconde (à comparer avec les données iséroises).
Où écouter la Rousserolle effarvatte en Isère ?
− Altitude : se limite à la plaine (barycentre altitudinal : 280m), mais elle a été notée sur des petits marais en moyenne montagne jusqu’à 1000m (Le Sappey en Chartreuse, 24 juin 2012) ;
− Milieu : toujours dans les roselières, même très petites, le long des fossés, des cours d’eau, des étangs, mais en migration, on peut l’entendre chanter dans n’importe quel milieu ;
− Localisation : très présente le long des canaux, ruisseaux et petites rivières de la basse vallée de l’Isère (communes de Moirans, Vourey, Tullins par exemple) ; j’y ai compté 7 chanteurs sur une longueur de 400m, le long du Pommarin.