Lagopède alpin

Lagopus muta

« Qualificatifs du Tétras des neiges : mutans, mutatus (changeant), oui ; mutus (muet), non. Essayons de dissiper une légende tenace. Le cri habituel du Lagopède mâle … très difficile à traduire par une onomatopée, est une succession assez longue de syllabes sourdes, rauques, gutturales, graves, inharmonieuses dont le support articulé est fait de r ou de g et dont l’élément sonore évoque des ou, des ouô ou des aô. »

Marcel COUTURIER « Le gibier des montagnes françaises » 1964

Description du chant

Le chant ressemble plutôt à une éructation, et il surprend toujours par ce côté guttural, rocailleux et inharmonieux (XC 318223, Bernard Bousquet). Difficile à transcrire, il est constitué d’une articulation en G et en R, complété par des sonorités en OU, en AO ou OUO ; mais écouter les enregistrements vaudra mieux qu’un long discours !

Il est souvent émis en vol en période nuptiale (XC 324354, Terje Kolaas).

Les auteurs anglais (Watson, 1972) distinguent trois formes de chants :

− Émis au sol, sorte de rot accentué sur la deuxième note avec parfois une série de caquètements qui clôt l’ensemble ;

− Émis à l’envol, avec accent sur la première note (XC 141722, Andrew Spencer)

− Pendant le vol nuptial.

Cycle du chant

− Cycle annuel : l’espèce est sédentaire, et entre mars et mai, selon les rigueurs de l’hiver, les compagnies se disloquent dans la perspective de formation des couples ; le chant proprement dit est émis entre avril et août, et se place le plus souvent dans un joli vol nuptial ; des cris de contact, très semblables aux rots nuptiaux peuvent être entendus tout au long de l’année ;

− Cycle journalier : à toute heure du jour, mais souvent très tôt le matin, dès avant le lever du soleil. Par ailleurs, les lagopèdes, même en bande, peuvent rester longtemps silencieux.

Les cris du Lagopède alpin

Outre les différentes formes de chant, plusieurs émissions sonores ont été identifiés chez le lagopède : cris d’intimidation, cris de détresse, cris d’alarme, cris de poursuite, et d’autres encore (une quinzaine en tout), tous émis dans le registre propre à l’espèce c’est-à-dire rocailleux et guttural.

La femelle qui protège ses jeunes face au danger émet un « kokko » doux et répété (XC 25142, Niels Krabbe).

Les jeunes répondent par des pépiements « piî … piî …piî ».

Remarques

La femelle se manifeste également par des cris mais moins fréquemment et dans une tonalité plus aiguë.

Par ailleurs, chez cette espèce d’instinct grégaire, les cris permettent de garder le contact entre individus, notamment dans les périodes où le brouillard noie la montagne. Ce sont également de bons avertisseurs en cas de danger, ou de prémisses à l’envol.

Il existe dans la trachée du lagopède un diverticule que l’oiseau gonfle quand il chante, et qui a un rôle de caisse de résonance.

Le coin de l’expert

Une remarque amusante : l’auteur anglais Watson suggère que, par sa rythmique, le « chant » émis à l’essor « aar-orr-kakarr » rappelle le « Bridal chorus » de Richard WAGNER dans « LOHENGRIN ».

Où écouter le lagopède en Isère ?

− Altitude : on trouve le lagopède toujours au-dessus de la cote 2000 (barycentre altitudinal : 2400m) ; en Vercors par exemple, l’espèce est limitée aux alentours du sommet du Grand Veymont (2321m), point culminant du massif. Des records : observé à la Pointe de la Pilatte, dans le massif des Ecrins, à plus de 3200m d’altitude, un 15 juillet ; des traces au sommet des Rouies (3440m) le 3 juillet 2015 ;

− Milieu : éboulis, limite de la zone nivale, souvent en versant nord ;

− Localisation : tous les massifs de l’Isère à l’exception de la Chartreuse.

Sonogrammes