Mésange charbonnière
Parus major
« Sans contredit, la Charbonnière a le plus riche vocabulaire, grâce à son art des variantes et des combinaisons … D’une façon générale, sa voix a un timbre métallique, elle est plus pleine et plus sonore que celle des autres mésanges »
Paul GEROUDET (Les passereaux I, II et III)
Description du chant
On a ici à faire à une phrase simple, un peu mécanique, limitée à quelques notes (en général 2 à 4 notes par motif) … mais il existe une grande variété dans le vocabulaire, ce qui multiplie les combinaisons.
La tonalité est aigüe et assez stable, le rythme régulier, avec des séquences variables en longueur, sur une cadence rapide.
La puissance est moyenne à forte.
Quant à la transcription on pourrait la noter ainsi :
− Soit « ti tuhit ti tuhit » (XC 309528 , Dmitry Kulakov) ;
− Soit « ti ti tutututu » (XC 078966, Jacques Prévost) ;
− Soit « titiu titiu » (XC 312628, Ad Postma) ;
− Soit « titu titu » (XC 333072, Johannes Bulh) ;
− Et d’autres à chercher sur Xeno-canto et dans la nature …
Attention : la Mésange charbonnière imite parfois le chant d’autres mésanges, comme la Mésange bleue dans des joutes territoriales pour s’approprier un trou d’arbre (ou un nichoir).
On retiendra donc que le chant est répétitif, métallique, clair, alerte et plutôt puissant ; d’ailleurs son nom italien Cincia allegra met en avant le côté joyeux de ses émissions vocales.
La Charbonnière est présente en tous milieux pourvu qu’il y ait des arbres ; le chant est généralement émis d’un perchoir bien en vue.
Cycles du chant
− Cycle annuel : on peut entendre le chant de la charbonnière en toutes saisons, mais c’est en janvier qu’elle amorce la phase nuptiale et le chant devient continuel dès février. En été, elle reste quasi muette ;
− Cycle journalier : la mésange charbonnière commence sa journée un peu avant le lever du soleil.
Les cris de la Mésange charbonnière
Le répertoire des cris est très varié, on en retrouve des éléments chez d’autres espèces de mésanges, et finalement ça n’est certainement pas le meilleur critère pour identifier la Charbonnière.
Retenons entre autres ce « tivic tivic » insistant (XC 330389, Johannes Bulh) ou cette manifestation d’alarme « sri tchrrétchrré » (XC 281645, Peter Boesman et XC 101540, Jacques Prévost)
Remarques
Parmi les mésanges, la charbonnière possède le registre le plus riche, et ce répertoire varié, enrichi d’emprunts faits à ses cousines, complique parfois l’identification.
Des analyses poussées de son chant ont permis de constater qu’un mâle dispose de 32 à 40 expressions distinctes, dont 4 à 7 formules de chant.
En milieu urbain, et face au bruit ambiant qui fait obstacle sonore, les mésanges charbonnières chantent plus aigu et de manière plus variée.
On lui a donné le nom populaire de « serrurier » car son chant fait penser aux coups d’un petit marteau sur une enclume.
Le coin de l’expert
Chez un même individu, on note de réelles différences quant au tempo du chant, sachant que chaque motif comprend en moyenne entre 2 et 4 notes.
− Le plus lent : 70 à 120 motifs à la minute ;
− Le tempo moyen : 120 à 160 motifs par minute ;
− Le plus rapide : 160-200 motifs par minute.
Dans les duels chantés entre mâles, il semble que chaque oiseau se cale sur le tempo du concurrent.
Les mâles de charbonnière ont des répertoires plus ou moins variés ; il semble que les individus dont les répertoires sont larges ont plus de succès auprès des femelles et se reproduisent donc plus que les mâles dont l’éventail de productions vocales est moins étendu.
Des études menées dans le nord-ouest de l’Afrique ont montré que les oiseaux vivant dans des milieux boisés denses ont une fréquence de chant basse par rapport à des oiseaux fréquentant des milieux plus ouverts. On sait en effet que les basses fréquences sont moins atténuées en milieu dense que les hautes fréquences.
Où écouter la Mésange charbonnière en Isère ?
− Altitude : un mâle chanteur a été noté à la cabane de Bellefonds en Chartreuse (1791m) le 2 juin 2014, ce qui paraît être une limite dans notre département ; 90 % des observations sont faites sous la barre des 1200 m (barycentre altitudinal : 500m) ;
− Milieu : c’est le paysage semi-boisé qui convient le mieux à la charbonnière avec ses vergers, ses jardins et ses parcs ; elle recherche avant tout les feuillus dans des forêts claires dont elle parcourt les lisères ; elle est commune autour des maisons ;
− Localisation : partout en Isère.