Engoulevent d’Europe
Caprimulgus europaeus
« Un Vélo solex qui fatigue à monter un faux-plat sur une petite route de campagne … c’est la première idée qui m’est venue en écoutant chanter cet oiseau bizarre qu’est l’Engoulevent d’Europe. Il fut un temps où on le nommait « crapaud volant » eu égard à la très grande ouverture de son bec ou bien « tète-chèvre » car on le soupçonnait de se pendre à leurs tétines pour s’abreuver de leur lait. Etrange oiseau, aux étranges légendes et à l’étrange musique »
Jacques Prévost
Description du chant
Les manifestations sonores de cet oiseau sont surprenantes
− Le chant de l’oiseau : c’est une espèce de ronronnement continu (coupé de courtes pauses) dont la durée varie de 1 à 5 minutes (XC 046514, Jacques Prévost) ;
− L’engoulevent ponctue ce « ronron » par des cris d’une tonalité plus grave ; souvent ces cris finalisent la phase ronronnée de la séquence et s’accompagnent de claquements d’aile (XC 288125, Jack Berteau).
Cycle du chant
− Cycle annuel : Migrateur tardif, l’Engoulevent arrive fin avril – début mai ; Le chant débute en mai, culmine en juin-juillet puis diminue, pour disparaître en août :
− Cycle journalier : c’est dès le crépuscule que l’engoulevent se met à chanter ; il chante ainsi la nuit durant, avec des pauses plus ou moins longues.
Les cris de l’Engoulevent d’Europe
Les deux partenaires se manifestent conjointement, notamment par les échanges de cris aigus émis en vol « ouik ouik … krouik krouik » au cours de la chasse nocturne (XC 320962, Francesco Sottile)
On entend également des « ak-ak » qui sont des cris d’alarme (XC 144590, Julien Rochefort).
Mais il existe également des cris de détresse et des cris poussés au moment de l’accouplement.
Au cours du vol nuptial l’engoulevent produit des claquements d’ailes : ils ne sont pas la conséquence des ailes qui se toucheraient violemment, mais l’effet « coup de fouet » des rémiges primaires brutalement stoppées dans le mouvement des ailes au-dessus du corps.
Remarques
L’engoulevent semble dépendant à la fois de la météo et du cycle de la lune : en effet, il est plus actif au crépuscule des nuits de pleine lune.
Il arrive que l’oiseau chante en pleine journée.
Le coin de l’expert
La crécelle : 25-32 notes par seconde dans des séquences qui peuvent durer plusieurs minutes ; ces séquences prennent forme dans deux tonalités ou vitesses différentes émises alternativement sur des durées de quelques secondes. Les parties rapides (35-40 notes par seconde) sont le plus souvent très courtes et un peu plus graves.
Sur une séquence de 40’’ enregistrée dans une forêt poitevine : 36’’ de chant « lent » en 11 parties entrecoupé de 4’’ de chant « rapide » (10 parties) et 0.3’’ de pause (2).
Ce chant est parfois confondu avec les stridulations de la Courtilière Gryllotalpa gryllotalpa, mais le chant de l’engoulevent est plus lent, moins aigu et plus fluctuant en modulation. On peut également trouver une plus lointaine ressemblance avec le Grillon des bois Nemobius sylvestris.
Quand l’oiseau se met à chanter au crépuscule, la première séquence est habituellement plus courte que celles qui suivent ; dans la première heure de chant, le mâle chanteur émet une dizaine (voire une douzaine) de séquences dont la durée varie de 5 à 10 minutes en moyenne, mais on a entendu des séquences durant plus longtemps (jusqu’à 20’).
Où écouter l’Engoulevent d’Europe en Isère ?
− Altitude : en Isère, il existe quelques observations de chanteurs au-dessus de 1000m (barycentre : 540m) avec un record à 1300m à Otis en Rattier le 21 juillet 2001 ;
− Milieu : il s'installe dans les landes en partie boisées, taillis, broussailles, coupes forestières, clairières, emprises de lignes électriques HT et jeunes plantations de résineux ; préfère les milieux secs et chauds, exposés au sud ;
− Localisation : on peut aller écouter l’Engoulevent dans le massif des Chambarans ou dans la réserve des Iles du Drac.