Locustelle luscinioïde

Locustella luscinioides

« Dans le marais accablé de chaleur, au coeur de la grande et mythique forêt de Bialowiecza, une Rousserolle turdoïde, râpeuse à souhait, fait son one-piaf-show ; ses coups de scie mal aiguisée n’arrivent cependant pas à cacher totalement le bourdonnement de la Locustelle luscinioïde bien en place sur sa hampe de roseau : son bec grand ouvert égrène plus de 50 doubles-notes par seconde, seulement décryptées par les oiseaux de la famille, laissant l’homme de passage à ses insuffisances auditives »

Jacques Prévost

Description du chant

Il s’agit de la répétition de doubles-notes à la cadence de 50-60 par seconde ce qui produit une sorte de bourdonnement qu’on évitera de confondre avec la stridulation métallique de la locustelle tachetée. Les strophes commencent généralement par des cliquetis peu audibles.

La puissance est moyenne et la localisation du chanteur n’est pas aisée.

On retiendra une stridulation avec des notes très serrées (50 par sec.) que notre oreille humaine ne peut pas isoler les unes des autres (XC 319526, Benjamin Drillat).

L’oiseau chante plutôt en roselière pure sur eau libre ; en général, perchée plus en vue que la locustelle tachetée.

Cycle du chant

− Cycle annuel : grande migratrice la luscinioïde nous revient dès la première décade d’avril après avoir séjourné en Afrique (Soudan du sud, Éthiopie) :

− Cycle journalier : chante surtout à l’aube, en fin de journée et la nuit.

Les cris de la Locustelle luscinioïde

Inquiète, la Luscinioïde lance des séries de « pit pit » secs et métalliques (XC 190777, Albert Lastukhin) ou des « tsec tsec tsec » (XC 061619, Erik Eggenkamp).

En situation de détresse, prise dans les filets d’un bagueur par exemple, elle pousse des cris déchirants « schrrreu » (XC 107647, Albert Lastukhin)

Remarques

Les phrases sont plutôt plus courtes que celles de la Locustelle tachetée ; on constate cependant que les séquences nocturnes font apparaître de longues phrases qui peuvent durer de longues minutes.

Le coin de l’expert

Comme pour la locustelle tachetée on note de très grandes différences quant à la forme que chaque individu donne à son chant, essentiellement sur la durée des strophes ; des études menées dans différents pays européens attestent d’écarts très importants dans la durée des strophes, quelques exemples :

− Allemagne (ouest) : 16’’ (1-103’’), les 2/3 des strophes durent entre 4 et 24’’ ;

− Allemagne (est) : en juin des strophes dont la durée est comprise entre 70 et 100’’ ; (jusqu’à 162’’) avec des pauses longues de 30 à 50’’ ;

− Danemark : les ¾ des strophes durent de 10 à 20’’ et ¼ de 20 à 30’’, avec un maximum à 103’’ ;

− France-Sud : strophes comprises entre 30 et 63’’ ;

− Espagne : strophes comprises entre 8 et 29’’ ;

− Angleterre : strophes plus longues, entre 5 et 325’’, et fréquemment plus de 3 minutes ;

− Suisse : un record de 14’40’’ au cours d’une nuit, mais entre 3 et 40’’ dans la journée.

Où écouter Locustelle luscinioïde en Isère ?

− Altitude : oiseau de plaine (barycentre altitudinal : 300m), c’est à l’étang du Grand Lemps (506m) qu’on trouve le record d’altitude pour un chanteur (24 mai 1976) ;

− Milieu : la luscinioïde s’installe dans les grandes roselières âgées, denses et inondées, la présence immédiate de l’eau lui est indispensable ;

− Localisation : régulièrement observée en Isle Crémieu, notamment à l’étang de la Salette.

Sonogrammes