Tétras lyre

Lyrurus tetrix

« C’est alors qu’on voit chaque jour les mâles se rassembler dès le matin … là, ils s’attaquent, ils s’entrebattent avec fureur jusqu’à ce que les plus faibles aient été mis en fuite ; après quoi les vainqueurs se promènent sur un tronc d’arbre , ou sur l’endroit le plus élevé du terrain , l’oeil en feu, les sourcils gonflés, les plumes hérissées,, la queue étalée en éventail, faisant la roue, battant des ailes, bondissant assez fréquemment, et rappelant les femelles par un cri s’entendant d’un demi-mille. »

Georges-Louis LECLERC, comte de BUFFON « Histoire naturelle, vol. 7 » 1770-83

Description du chant

Deux parties distinctes forment le chant du mâle Tétras lyre : le roucoulement et le chuintement.

− Roucoulement : une sorte de « gloudougloudouglou » continu et sourd, dont l’origine n’est pas toujours aisée à localiser, est émis par l’oiseau, soit perché à la cime d’un conifère, soit au sol sur la place de chant (l’arène) ;

− Chuintement : venant interrompre le roucoulement, et à intervalles plus ou moins réguliers, le tétras pousse un puissant et brutal chuintement, souvent assorti d’un battement d’ailes et parfois d’un saut sur place (XC 046488, Jacques Prévost).

Le concert des petits coqs s’enrichit régulièrement du caquètement nasal d’une (ou plusieurs) femelle, l’excitation est à son comble et les mâles donnent alors le meilleur d’eux-mêmes pour donner une exceptionnelle symphonie, enflammée par le soleil levant.

Cycle du chant

− Cycle annuel : les tétras lyres sont sédentaires et font entendre leur chant dès avril et jusqu’à la mi-juin. En automne, on peut entendre à nouveau chanter les tétras mais avec moins d’intensité.

− Cycle journalier : dès l’aube, c’est-à-dire vers 5 heures (heure légale) à la mi-mai, les oiseaux se rassemblent sur les places de chants et commencent à rivaliser « en musique ». Les joutes vocales durent généralement jusqu’au lever du soleil, mais parfois se prolongent plus avant dans la matinée.

Les cris du Tétras lyre

Les mâles rappellent par un caquètement rapide « kakakakakaeh-ahh » qui s’achève en chuintement.

Le mâle, sur la place de chant, lance parfois entre roucoulements et chuintements, une sorte de miaulement, de timbre très différent.

Inquiet, l’oiseau pousse un gloussement isolé puis s’envole et disparaît.

La femelle émet une sorte de caquetage sonore, notamment quand elle prend son envol ou quand elle passe sur une place de chant (XC 233347, Lauri Hallikainen)

Inquiète elle répète des séries de « hin hin hin ... » (XC 048166, Matthias Feuersenger)

Pour rassembler ses poussins elle pousse une façon de gloussement.

Remarques

Pour rire un peu, nous visiterons la littérature ornithologique à la recherche des transcriptions rendant compte du chant du Tétras lyre, quelques exemples pour roucoulement et chuintement :

Dans le HandBook, vol.2, p. 425 : « rrooo-OO-rrooo-rrooo » et « tshuu-IIISH »

Pour le Guide des chants d’oiseaux le chuintement c’est « tiou ouiiich »

Dans le Guide ornitho « rrou-perré-ou-ouhr-rrouperrou » et « tyou-uch » étonnant n’est-ce-pas ?

Paul Géroudet entend ceci « rourrouhrouh-rourrourrourrouî-touh … » et « thiou-houisch »

Oiseaux-birds.com évoque « de longues complaintes basses » et un « chooEESH »

Pour ma part j’entends « glou-dougoudlou-glou-dougloudlou » et un « tchiou OUICHH»

Comme on peut le voir, les transcriptions sont éminemment subjectives et les partager reste une gageure … et seule l’écoute de documents enregistrés, ou mieux encore, sur le terrain, permet de toucher à la réalité de ce chant étonnant.

Le coin de l’expert

Le roucoulement semble s’écouler continument sans que l’oiseau reprenne son souffle, ce qui ne correspond pas à la réalité ; en effet, les strophes durent environ 2,5 secondes, qu’une brève coupure partage en deux parties, et les strophes s’enchaînent avec de très brèves pauses entre elles. Dans la première partie, l’air est envoyé dans l’œsophage alors que l’oiseau a le bec fermé, le son est alors sourd et grave, formé d’une quinzaine de notes et dans une amplitude ascendante, parfois la production est hésitante ; dans un deuxième temps, les notes (12-15) s’égrènent avec plus de force et dans une tonalité légèrement plus haute, le bec s’ouvre et laisse échapper l’air (voir sonogramme ci-dessous)

Où écouter le Tétras lyre en Isère ?

− Altitude : on trouve cette espèce entre 1500 et 2200m (barycentre altitudinal : 1640m) ;

− Milieu : en montagne iséroise, le tétras lyre fréquente la limite supérieure de la forêt et quelques zones de pelouses d’altitude à l’époque des parades nuptiales ;

− Localisation : dans tous les massifs isérois ; pour avoir la chance d’entendre les roucoulades du tétras, il faut se lever tôt au mois de mai et parcourir la zone supérieure de la forêt, appelée également « zone de combat » ; le secteur de la Grande Sure en Chartreuse est un bon spot pour écouter chanter les petits coqs de bruyère.

Sonogrammes