Chardonneret élégant
Carduelis carduelis
« C’est un chanteur de grande classe, quand il veut. Et il est dommage que, chez lui, les enluminures du pitre fassent oublier l’artiste … Son chant léger, aérien, est une cascade de perles jetées sur du cristal. Il ne dure pas, mais il reprend tout de suite, et le vent emporte ses phrases déliées que l’envol brusque du chanteur suit dans le ciel. »
Marcel ROLLAND (Chants d’oiseaux et musiques d’insectes, 1946)
Description du chant
C’est un babil plutôt informe, constitué de cris accélérés ; la tonalité est aiguë, la cadence assez rapide et la puissance moyenne (XC 077547, Jacques Prévost).
On retiendra la tonalité typique et les petites notes brèves mouillées (XC 309131, Marc Anderson), et on évitera la confusion possible avec le chant de la Linotte mélodieuse
Les chardonnerets sont souvent en groupe et se montrent alors très bavards ; on constate souvent qu’il n’y a pas de vraie différence entre les cris de vols très fréquents et le chant proprement-dit.
Cycle du chant
− Cycle annuel ; de mars à fin août :
− Cycle journalier : actif au lever du soleil, peu matinal
Les cris du Chardonneret élégant
Les chardonnerets sont d’un naturel bavard et ne s’économisent guère dans la production de cris divers en toutes circonstances ; leur instinct grégaire les amène à produire des cris de contact continuels (XC 132597, Maudoc) : ces cris de contact « tidelitt » « sticlitt » à la sonorité sautillante et joyeuse sont caractéristiques (XC 281779, Peter Boesman).
On notera également un « tzzzr » agressif de colère (XC 152637, Jarek Matusiak), un cri d’avertissement « mahi … ahi » et un « hu » anxieux faisant penser au cri du Bouvreuil pivoine (Géroudet).
Remarques
Les choeurs de plusieurs chanteurs sont monnaie courante et le chant de la femelle peut s’y mêler.
Les cris de cohésion en vol de groupe « tipetit … tipetit » sont un bon indice pour l’identification.
Dans son chant, le chardonneret adulte introduit parfois des éléments provenant d’autres espèces et qu’on peut assimiler à des imitations.
Le coin de l’expert
On compte actuellement en France de 1 à 2 millions de couples (Atlas des oiseaux nicheurs de France, LPO, 2016) mais le programme STOC du MNHN a mis en évidence un fort déclin de l’espèce : 44% entre 2003 et 2013, sans qu’on puisse en évoquer la cause précise.
Les éléments qui composent le chant sont séparés par de petites pauses quasi inaudibles pour l’oreille humaine (à peine 0.1’’). Entre les phrases, les pauses sont plus longues (1’’ et plus).
Dans une séquence de chant on peut identifier jusqu’à une vingtaine de structures élémentaires constitutives du gazouillis propre à l’oiseau, mais généralement l’oiseau se limite à un nombre plus restreint d’éléments (5 à 8).
Les séquences de chants peuvent durer plusieurs minutes ; elles sont généralement formées de strophes d’une durée de 3-4 secondes (2 à 6) séparées par des pauses de 1 à 2 secondes.
Sur une séquence (enregistrement personnel) de 1’40’’ on dénombre 22 strophes (m=3’’, min=1.4’’, max=5.4’’) ; j’ai dénombré 17 structures élémentaires différentes sur l’ensemble de cette séquence, sachant qu’on dénombre entre 7 et 10 éléments dans chaque strophe.
Où écouter le Chardonneret élégant en Isère ?
− Altitude : on peut l’entendre gazouiller jusqu’à 1800m mais il est surtout abondant en plaine ; une observation exceptionnelle de 15 individus à la Brèche du Périer en Oisans (2350m) le 8 octobre 1994 (barycentre altitudinal : 580m) ;
− Milieu : commun dans une large diversité d’habitats, le Chardonneret recherche les secteurs bien ensoleillés avec des arbres espacés sur des terrains cultivés ou non ; il ne craint pas le voisinage de l’homme et de ses habitations ;
− Localisation : un peu partout en plaine ; en moyenne montagne sur les versants ensoleillés.